vendredi 18 février 2011

Carpes, je vous baptise lapins

Quelle que soit la personnalité réelle de l'auteur de cette récente contribution au débat belgo-belge, il faut lui reconnaître à la fois le mérite de l'originalité et un réel intérêt.  En gros, je résumerais par: "Dans un compromis, il faut que chacune des parties se sente également lésée."  J'en recommande donc la lecture:
levif.rnews.be/un-plan-revolutionnaire-pour-bhv.

Mais je voudrais surtout saluer aujourd'hui la dernière sortie de notre ami Johan Vande Lanotte, plus à l'aise depuis qu'il est sorti du rôle convenu de bouffon du roi, aujourd'hui dévolu à l'ineffable Didjé.

Or donc l'ami Johan a inventé un nouveau mot dans le Jardin Extraordinaire des institutions belges: "entité".  Quel intérêt a ce néologisme me direz-vous?  Eh bien, ce terme me semble extrêmement courageux vu la "Communauté" à laquelle Johan est censé appartenir. En effet, il n'aura pas échappé aux plus avertis que notre blocage institutionnel trouve son origine dans les appréciations divergentes au nord et au sud du pays quant à notre modèle "fédéral", les uns le voulant sur base de Communautés, les autres sur base de Régions.  Voilà donc deux mots définitivement connotés dans nos dialogues de sourds.

Sans porter de jugement sur la chose, il me faut bien constater une certaine contradiction dans le discours politique "flamand", entre le "tout aux Communautés" et le "principe de territorialité".  Or, avec l'utilisation du mot "entité", je perçois l'abandon, salutaire à mes yeux, du concept de "Communauté".

Au fond, hormis son contenu émotionnel, que recouvre ce vocable?  Pour les germanophones, c'est clair: il s'agit d'une communauté de communes qui, toutes mises ensemble, atteignent presque la taille de Molenbeek. Autrement dit, du folklore.  Pour les Flamands, c'est plus subtil puisque leur Communauté s'intéresse non seulement aux habitants de la Région flamande mais aussi aux Bruxellois flamands. Là, je sors ma calculette et fais une rapide estimation; 6% de 1 million donne 60.000 personnes; il ne s'agit plus ici de l'équivalent de la population de Molenbeek mais on est carrément entre Seraing et Genk. Mais ce n'est pas tellement moins que les 200 à 300.000 francophones que l'on situe généralement en pays flamand.

Tout cela est-il bien sérieux? Non évidemment, et notre basketteur ostendais a bien fini par oser le dire. Alors, exit Communautés et Régions, et bienvenue aux "entités". Carpes, je vous baptise lapins. Et si cela nous permet de faire l'économie (provisoire) d'un Plan B, pourquoi pas?  Encore faudra-t-il que chacun admette ce joli numéro de prestidigitation, et là, c'est pas encore gagné.