jeudi 14 juillet 2016

Plan BE plutôt que Plan B ?

Deux responsables politiques libéraux de la banlieue bruxelloise se font entendre de façon plutôt originale dans Le Soir de ce matin (http://www.lesoir.be/1266140/article/actualite/belgique/politique/2016-07-14/deux-deputes-liberaux-pronent-refederalisation-pour-remettre-systeme-pla). Ayant habité 25 ans dans l'une des deux communes concernées (Hoeilaart, la flamande) dont j'ai par ailleurs naguère côtoyé le souriant bourgmestre (à l'occasion d'un mariage), j'ai eu la curiosité de lire leur interview commune. Je l'ai trouvée rafraîchissante même si empreinte d'un optimisme un peu naïf. 

Il n'est guère aisé d'être libéral dans notre pays depuis que cette idéologie a perdu l'essentiel de son utilité au début du XXème siècle. C'est évidemment encore plus difficile pour un libéral flamand qui se fait concurrencer par des nationalistes, eux-mêmes majoritairement libéraux sur le plan économique. Ce n'est pas facile non plus pour le bourgmestre francophone de La Hulpe, dont le parti a choisi de gouverner sous la houlette desdits nationalistes flamands. Les directions de leurs partis respectifs les ont d'ailleurs rapidement remis à leur place. 

Qu'y a-t-il de si dangereux dans leurs propos pour se faire crosser aussi sèchement? D'abord, ils font le constat, sur des exemples assez pratiques (dont par exemple la question de la Forêt de Soignes, ou la politique énergétique) et comme à peu près tout le reste de l'humanité qui s'est un peu intéressée à la question, que le système institutionnel belge est un foutoir sans issue. C'est assez remarquable de la part de libéraux de souhaiter que l'État fonctionne mieux, plutôt que de fonctionner moins. Où cela devient proprement scandaleux pour leurs amis politiques, c'est quand ils en viennent à souhaiter une remise à plat de ce système abracadabrant plutôt que de l'enrichir encore comme le souhaitent certains de leurs compères. Ceci implique bien entendu de "refédéraliser" nombre de compétences. Ce néologisme bien belge cache en fait le mauvais coup porté en son temps au verbe "fédérer"; en français (et d'autres langues à racines latines), le terme signifie "unir"; en belge, il signifie au contraire "diviser". La division progressive du pouvoir au long de nos diverses "réformes de l'État" (traduisez "décompositions de l'État") nous a amenés à ce système grotesque de gouvernement qui serait risible s'il n'était tragique pour tous les citoyens qui doivent en subir les conséquences (et le coût). Pour mettre les choses en perspective, comptons combien de villes au monde comptent une population plus importante que celle de tout notre pays. 

Je parlais plus haut d'optimisme naïf. Je les trouve optimistes car on entend bien dans leurs propos la conviction qu'il serait possible de refaire fonctionner ce pays. Je les trouve naïfs (ceci dit sans aucune condescendance) car ils semblent convaincus, par nécessité peut-être, qu'ils trouveront un jour une majorité politique dans ce pays prête à le faire fonctionner, en faisant définitivement abstraction de stériles rivalités régionales ou de minables jalousies sous-régionales. Et le bourgmestre d'Anvers comme le gauleiter des Flandres ne sont pas les seuls à devoir être éliminés pour faire place nette; voyons ces politicards wallons, de presque toutes les confessions, souhaitant séparer l'enseignement wallon du bruxellois, pendant que les ministres PSC concernées confient la définition de la stratégie de l'enseignement officiel au bureau Mc Kinsey. On croit rêver, mais on cauchemarde. 


Si on ne croit pas au Plan BE de nos deux amis libéraux, il faudra bien un jour se pencher sur un plan B. Ou alors simplement attendre que les héritiers du VNV nous l'impose. 

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